Allocution de l’IEF par intérim Sémou NDAO
Messieurs les Inspecteurs
Messieurs les Directeurs correspondants
Messieurs les Directeurs responsables de zones
Mesdames, Messieurs les Directeurs d’écoles
Mesdames, Messieurs les chargés d’écoles
Honorables invités
Chers collègues enseignants
Avec votre permission, je voudrais convoiter d’Allah, Maître de nos destins individuels et collectifs qu’IL nous accorde la sérénité et l’inspiration nécessaires pour mener jusqu’à son terme cette rencontre ôh combien importante dans le calendrier académique.
Je souhaiterais aussi, si vous le voulez bien, rendre un hommage appuyé à deux hommes dont les noms méritent d’être inscrits en lettres d’or au fronton de notre institution. L’un est encore parmi nous (et nous souhaitons que le Dieu du jour et de la nuit le garde encore longtemps en vie et en bonne santé). Il a, après 41 ans de bons et loyaux services, été admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite le 12 juin 2017. J’ai nommé l’Inspecteur Saibatou YAGUE. Un homme affable, humble, modeste qui plus est, un visionnaire. Un homme multidimensionnel. Un homme bon au sens plein du terme. Merci Inspecteur YAGUE pour tout ce que vous avez fait pour le système éducatif depuis l’âge de 19 ans. L’autre, malheureusement a été ravi à notre affection le 30 Septembre 2017, jour de son 63ième anniversaire. Eh oui ! Il est venu un 30 Septembre et s’en est allé un 30 Septembre, jour de Tamxarit. Lui, c’est Hamady KEBE, mon maître. Que disje ? Notre maître à nous tous qui avons appris le métier d’inspecteur sous aile protectrice. IL a révolutionné le système éducatif de Louga tant dans l’organisation, la méthode que dans le pilotage. Qu’Allah soit satisfait de lui et l’accueille dans le plus élevé de Ses Paradis Célestes. Adieu le Grand.
Adieu « ngaari maw ndi » comme l’appelaient affectueusement certains de ses collaborateurs. Adieu « Poucet » pour les intimes.
Mesdames, messieurs, une année scolaire s’est écoulée et une nouvelle a commencé le 04 Octobre dernier pour nous autres personnels enseignants et de service et le 09 pour les élèves. Une année qui passe laisse forcément des souvenirs : des joies, des peines, des réussites, des échecs, des remords et même parfois des regrets. Plaise-t-il à Allah Soubhaa nahou wa tahala que toutes ces expériences passées nous servent de base pour gérer au mieux cette nouvelle année académique qui est pour nous tous une interrogation. « L’expérience c’est la somme des erreurs corrigées » dit-on.
Mesdames messieurs, nous sortons d’une année scolaire qui, malgré l’absence de perturbations a été marquée par une baisse considérable de nos résultants au CFEE. De 59.99% en 2015-2016, ils sont tombés à 51.9% en 2016-201. Soit une baisse de 8.09% en valeur absolue et 562 candidats en valeur relative.
Mesdames, messieurs, chers collègues, cet état de fait n’est pas une fatalité et nous interpelle tous, chacune et chacun au niveau où il se situe, quelle que soit la posture ou la station occupées. Aussi devrions-nous avoir l’honnêteté et le courage de nous regarder dans le miroir de notre conscience en interrogeant nos pratiques pédagogiques et professionnelles. Nous devons sans complaisance identifier les déterminants de cette maldonne et en situer les responsabilités. Qu’Allah nous donne la force et le courage de changer ce qui peut l’être et nous dote d’une poitrine suffisamment dilatée pour supporter ce qui ne peut l’être.
Il y a peut-être dans la salle des gens qui ont déjà entendu quelque part ce que je vais dire ou qui l’ont lu dans mes pots dans facebook ou twitter. Je vais le répéter encore. Je ne crois pas, je ne crois plus à l’argument trop facile de « les responsabilités sont partagées ». Je ne crois plus à cela.
Permettez-moi, comme je l’avais dit lors du CDD préparatoire à la rentrée scolaire 2017-2018 de pointer le doigt encore sur vous mesdames messieurs les enseignants. Ne pas planifier son travail, ne pas faire ses fiches de préparation, ne pas faire des devoirs et des productions d’écrits, ne pas corriger les cahiers des élèves, venir toujours en retard, s’absenter pour n’importe quelle occasion, ne pas travailler pendant le mois d’octobre, ne pas travailler pendant le mois de juin, toutes ces attitudes qui mènent à de mauvais résultats n’ont rien à voir avec les conditions de travail. Absolument rien à voir. Ça n’a rien à voir avec l’abri provisoire. Ça n’a rien à voir avec l’insuffisance des supports, rien à voir avec l’absence d’un tableau réglementaire. Ceux qui veulent travailler travaillent.
Ils travaillent quoi qu’il arrive. Voilà ce à quoi je crois aujourd’hui. Voilà ce à quoi je continuerai de croire.
Je demeure convaincu que quelles que soient les conditions dans lesquelles un enseignant est placé, s’il veut travailler il travaille. « Lolou laa gueum teyy ».
Ceux qui ne travaillent pas ne veulent pas travailler. Leurs arguments sont tirés par les cheveux. « Oui manque de ceci ». « Oui manque de cela ». « Oui le Ministre n’a pas fait ceci». « Oui le Président de la République n’a pas fait cela ». « Oui l’APE a fait ou n’a pas fait ceci ». « Oui les parents ont fait patati patata ». Je ne crois plus à ces choses-là. Ceux qui veulent travailler travaillent.
Les gens font semblant de travailler. Comment pouvez expliquer qu’une école fasse 0% au CFEE ? Dites-moi, c’est la faute de qui ? Et quelques fois 0% ce sont des enseignants qui sont là-bas pendant 6 ans, ou un enseignant qui est là-bas et qui tient une classe du CP au CM2. 0% au CFEE. Ça c’est la faute des parents ? « Oui parce que deuk bobou nit gni beugou gnou jaang ». Ce n’est pas vrai ça. Je vous le dis. Je connais très bien mon pays. Ce n’est pas vrai. Ce ne sont pas les enfants. Ce ne sont pas les parents. Ce n’est pas le Président de la République. Ce n’est pas le Ministre de l’Education nationale. Ce n’est pas l’inspecteur. L’autre jour un parent m’a dit « Yeen comme meune nguène si dara dou nguène gnou si dimbali ? ». Mais est-ce qu’un inspecteur peut être dans chaque classe tous les jours ouvrables, derrière chaque maître 24h/24 ? On ne peut pas le faire. On a tout fait mais les résultats ne suivent pas, les résultats ne sont pas bons. Un autre jour un enseignant me taquinait en me reprochant de faire de « l’imam » en me disant « Inspecteur pourquoi parlezvous maintenant de foi ? » Je lui ai répondu que parce que
« khama tou gnou lougnouy wax »
Mesdames messieurs comment peut-on expliquer qu’un jeune maître sorti cette année arrive à l’école sans aucune fiche de préparation ? Comment pouvez-vous expliquer cela ? Ce n’est pas le Président de la République ça. Ce n’est pas le Ministre de l’Education nationale ça.
Mesdames, messieurs, les élèves n’ont aucune responsabilité dans ce qui leur arrive aujourd’hui. Aucune responsabilité. Le plus grave, c’est que le maillon le plus important du système qu’est le Directeur d’école ne joue pas pleinement sa partition. Et malheureusement dans bien des cas le Directeur d’école est complice. Mesdames, messieurs les Directeurs qui êtes là, vous êtes complices. En effet, vous êtes seuls avec des gens pendant 5 jours. Vous savez à quelle heure ils arrivent. Vous savez s’ils ont préparé ou non. Quand on dit qu’un tel n’a pas corrigé depuis 15 jours, depuis un mois ou deux où était le Directeur ? Quand ce jeune maître arrive à l’école sans préparation où est le Directeur ? Quand les gens sont absents 3 jours sur 5 où est le Directeur ? Vous êtes le maillon le plus important du système mesdames, messieurs les directeurs. Je vous assure que vous ne pouvez pas savoir la responsabilité que vous avez par rapport aux mauvais résultats scolaires aujourd’hui. Parce que tout ça se passe devant vous et tous les jours que le Bon Dieu fait. Cela se passe devant vous. Comment comprendre qu’un Directeur se taise sur une absence de devoirs ou de corrections pendant plusieurs semaines? Comment pouvez-vous expliquer cela mesdames messieurs ?
Comment peut-on assister en silence au manque de travail d’un ou de plusieurs maîtres tout en sachant les conséquences sur l’avenir des enfants, sur l’avenir de la Nation ? Comment vous pouvez vous taire sur ça ?
Comment pouvez-vous vous taire sur des gens qui sont en train de massacrer l’avenir du Sénégal ?
Vous vous taisez dessus mesdames messieurs les Directeurs.
Comment pouvez-vous vous taire sur ça ? C’est incroyable de pouvoir vous taire sur ça.
On a l’habitude de dire que l’avenir de la Nation ce sont les enfants. Cela est un secret de polichinelle. Mais si l’avenir de la Nation ce sont les enfants, comment pouvez-vous expliquer qu’un Directeur soit là, que des gens ne travaillent pas et que le Directeur se taise ?
C’est très grave. C’est très très grave. Je vous le dis, c’est extrêmement grave. L’heure est très grave et il faut réagir vite. Edmond Burg disait, je le cite : « la seule chose qui permet au mal de triompher est l’inaction des hommes de bien » fin de citation.
Mesdames, messieurs les Directeurs, assumez les responsabilités à vous confiées par le législateur. Occupez pleinement la place qui est la vôtre dans le système. Faites, en respectant l’orthodoxie réglementaire, le travail pour lequel vous avez été portés à la tête des établissements que vous dirigez.
Je vous souhaite le meilleur et le meilleur du meilleur et vous remercie de votre aimable attention.
Inspecteur Sémou NDAO
IEF par intérim de Louga
A Louga, ce 22 Novembre 2017
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République du Sénégal
